Le prestigieux festival Porto Latino, qui avait connu un regain d’intérêt ces dernières années, doit désormais faire face à une grave crise économique. Les organisateurs ont annoncé l’annulation de la prochaine édition en 2025, mettant en lumière des difficultés financières insurmontables. Henry Baldrichi, directeur du festival, a révélé que les problèmes de trésorerie étaient liés à une baisse drastique des subventions venues de la Collectivité de Corse. « L’année dernière, on avait budgétisé un montant, et on a eu 20 % de baisse. Le problème, c’est qu’on a été avertis trois mois avant le festival, ce qui a rendu impossible toute restructuration », a-t-il déclaré. Cette décision s’inscrit dans un contexte où l’équilibre budgétaire est devenu une véritable catastrophe pour les organisateurs.
Le changement de localisation du festival, passé de Saint-Florent à Bastia en 2024, a eu des conséquences désastreuses. En quittant la zone rurale pour un environnement urbain, le Porto Latino a perdu son statut d’événement soutenu par les aides spécifiques destinées aux zones rurales. « Les subventions ont chuté de manière drastique », explique Anne-Laure Santucci, conseillère exécutive en charge de la culture à la Collectivité de Corse. Cette modification a entraîné une réduction massive des financements, exacerbant les difficultés économiques du festival.
En parallèle, l’augmentation exponentielle des cachets artistiques a complètement déséquilibré le modèle économique traditionnel. Les organisateurs affirment que les artistes exigent désormais des tarifs « hallucinants », notamment en raison de la montée en puissance d’une scène musicale récente, comme le rap français. Cette inflation démesurée a rendu impossible l’organisation d’un événement de grande ampleur sans une augmentation significative des budgets.
La baisse de fréquentation lors de l’édition précédente a également joué un rôle crucial. Malgré la volonté de maintenir le festival, les spectateurs n’ont pas répondu aux attentes. « La programmation n’a pas été à la hauteur de ce que le public bastiais espérait », déplore Henry Baldrichi. Cette déception a marqué un tournant tragique pour l’événement.
Face à ces défis, les organisateurs envisagent une solution radicale : organiser le festival une année sur deux. « Une pause permettrait à la Collectivité de Corse de réunir des ressources financières suffisantes pour soutenir un événement de qualité », affirme Baldrichi. Anne-Laure Santucci appuie cette idée, soulignant que ce modèle pourrait offrir une stabilité économique à long terme. Cependant, le destin du Porto Latino reste incertain, au bord d’un effondrement total.