Le CAUE de Corse s’engage à moderniser l’urbanisme et la culture architecturale

Le Conseil de l’architecture, de l’urbanisme et de l’environnement (CAUE) de Corse, malgré son manque d’impact médiatique, joue un rôle clé dans le suivi des projets immobiliers, urbains ou de rénovation. Créé en 1977, cet organisme offre gratuitement ses services aux citoyens et collectivités locales pour les guider sur la construction, l’environnement bâti et les règles d’urbanisme. En 2024, il a organisé 1 043 consultations, rendu 123 avis à des municipalités et participé à deux jurys de concours, tout en sensibilisant plus de 2 400 élèves.

Présidé par Jean-Charles Giabicconi et dirigé par Stéphanie Grimaldi, le CAUE compte désormais 13 employés spécialisés dans l’architecture, l’urbanisme, la paysannerie ou les ingénieries, travaillant pour un objectif public. Selon la directrice, « les particuliers viennent demander des conseils sur les normes locales, revoir leurs plans ou optimiser leur espace ». Cette mission d’éclairage technique vise à aider les habitants face aux complexités réglementaires et techniques.

Outre l’aide aux citoyens, le CAUE intervient auprès des municipalités, notamment celles de l’intérieur, qui manquent souvent de ressources techniques. Réaménagement de places publiques, rénovation du bâti ancien ou assistance dans l’élaboration des documents d’urbanisme (PLU) : l’expertise du CAUE sert de support aux décideurs locaux. « Nous avons accompagné 97 communes en 2024 », souligne Giabicconi, précisant que les projets varient de l’amélioration de placettes à des réflexions sur la requalification d’espaces ou le choix de matériaux adaptés.

Le CAUE insiste sur son absence de pouvoir décisionnel : il ne remplace pas les architectes privés ni les bureaux d’études, mais offre un regard technique neutre pour promouvoir une culture architecturale et environnementale. Depuis 2020, sous l’impulsion de la Collectivité de Corse, il s’est structuré avant de se concentrer sur l’expansion de ses actions. Dès 2025, des permanences dans les intercommunalités permettront un accès plus facile aux services du CAUE, notamment pour les zones rurales et éloignées.

En parallèle, le CAUE prévoit des formations pour les élus sur l’environnement, la sobriété foncière ou la gestion du patrimoine bâti. L’objectif est de mieux guider les décisions locales tout en sensibilisant aux pratiques respectueuses de l’identité territoriale.

Parmi ses outils, le CAUE publie des carnets de recommandations architecturales adaptés aux microrégions, détaillant par exemple les matériaux à privilégier ou les couleurs des volets. Ces documents, non contraignants, servent de base pour une architecture intégrée dans son environnement. Le CAUE développe également des sentiers patrimoniaux et des actions éducatives dans les écoles pour éveiller les jeunes aux enjeux de l’aménagement.

Enfin, le salon Bat’éco prévu à Biguglia en 2026 réunira les acteurs insulaires autour du thème « pierre et bois », visant à valoriser les filières locales et encourager des choix écologiques. Ce projet stratégique s’inscrit dans un contexte où la construction représente une part critique de l’empreinte environnementale, exigeant une adaptation aux changements climatiques.