Le tabac perd progressivement son attrait auprès des adolescents corses. Une étude récente de l’Observatoire français des drogues et des conduites addictives souligne que le taux de fumeurs quotidiens a atteint un niveau record, passant de 23,1 % en 2023, le plus bas depuis les années 1990. Cette tendance s’accentue chez les moins de 25 ans, avec une baisse de 15,9 points par rapport à 2011. Michel Hennart, infirmier spécialisé en tabacologie à Bastia, confirme cette évolution locale : « Les jeunes préfèrent désormais leurs téléphones portables aux cigarettes. Cette transformation s’explique par une réelle modification des mentalités et l’érosion de la normalisation du tabagisme. »
Autre facteur clé : le soutien financier aux substituts nicotiniques, qui ont vu leur remboursement passer de 50 à 150 euros annuels avant d’atteindre un taux total. Cette mesure a permis à Michel Hennart de suivre plus de 45 patients, dont plusieurs mineurs, dans leur lutte contre la dépendance. Cependant, une alternative inquiétante émerge : les cigarettes électroniques et le tabac chauffé. « Bien que moins dangereux, ces produits restent des pièges pour les jeunes, qui risquent de basculer vers le tabagisme classique », prévient l’infirmier.
Pourtant, la dénormalisation du tabagisme progresse grâce à des campagnes de sensibilisation et des interdictions dans les espaces publics. « Le message d’il y a vingt ans — fumer égalait virilité — est désormais inaudible », constate Michel Hennart, qui souligne la nécessité d’approfondir ces efforts. La lutte contre la dépendance reste un combat long et complexe, mais les premiers résultats sont encourageants pour l’avenir des jeunes corses.