La mise en place d’un centre dédié à la lutte contre les crimes organisés en Corse a été accueillie par les associations antimafia comme un tournant. Confirmée par le garde des Sceaux lors de sa visite à Bastia, cette initiative vise à renforcer l’action locale face aux incendies criminels, aux trafics et aux extorsions. Selon Gérald Darmanin, il s’agit d’un signal fort : « L’État ne craint pas la justice en Corse. » Ce dispositif inédit permettrait au parquet de Bastia de traiter directement certaines affaires sans passer par la JIRS de Marseille.
Les associations soulignent que cette mesure répond à des attentes anciennes, mais insistent sur l’urgence du contexte. « La Corse est submergée d’assassinats et d’incendies », déclare Jérôme Mondoloni. Le collectif Massimu Susini met en garde : « Sans un engagement concret, ce pôle restera une illusion. » Des réserves persistent sur les moyens alloués, notamment pour le recrutement de magistrats et l’efficacité des enquêtes.
Léo Battesti du collectif A Vita iè a Maffia No reconnaît la pertinence des mesures annoncées, mais pointe des lacunes : « La corruption s’étend dans les secteurs économiques, avec des attentats ciblant les commerces et les navires. » Les associations exigent un changement profond du système, pas seulement des solutions temporaires.
Leur principal souci reste l’absence de réponse immédiate aux actes criminels. À Calvi, des incendies de bateaux ont exacerbé la colère : « Le respect de la loi disparaît », affirme Battesti. Les habitants se sentent abandonnés, perçus comme des victimes d’un climat de terreur.
En dépit des espoirs, les collectifs exigent une mobilisation totale. « Si les moyens suivent, ce pôle pourra marquer un tournant », conclut Mondoloni. Mais sans transformation radicale, tout reste fragile face à la montée d’un crime organisé qui s’affirme comme une menace permanente.