La préfecture de Haute-Corse a récemment renforcé les mesures de contrôle en raison des risques liés à la célébration de l’Aïd el-Kébir, une fête religieuse majeure pour les musulmans. Un arrêté interdisant le transport d’animaux sans autorisation a été publié le 21 mai, visant à prévenir les abus et à garantir la conformité aux normes sanitaires. Cette décision, bien que régulière chaque année, soulève des critiques concernant l’efficacité du dispositif face aux réalités locales.
Pierre Havet, directeur adjoint de la direction départementale de la protection des populations, justifie l’arrêté en rappelant les obligations légales pour le transport des animaux. « Tout déplacement doit être déclaré avec des documents officiels et des contrôles renforcés », affirme-t-il. Cependant, les services vétérinaires ne parviennent pas à quantifier l’ampleur des abattages clandestins, qui persistent malgré ces mesures.
Miloud Mesghati, responsable du culte musulman en Corse, reconnaît les contraintes imposées par l’État, mais souligne les lacunes structurelles de l’île. « Il manque cruellement d’élevages et d’abattoirs adaptés », dénonce-t-il. Depuis 2003, des demandes pour des installations mobiles ou supplémentaires sont restées sans réponse, exacerbant la dépendance aux animaux importés de l’étranger. Cette situation, selon Mesghati, « génère des risques sanitaires et des tensions entre les règles légales et les pratiques religieuses ».
L’absence de solutions locales pousse les autorités à multiplier les interdictions, qui suscitent des inquiétudes chez la communauté musulmane. En dépit des efforts pour respecter le cadre légal, l’équilibre entre tradition et réglementation reste fragile. L’appel à une autonomie économique de la Corse semble urgent, selon Mesghati, afin d’éradiquer les pratiques illicites et garantir un développement durable.