La Corse submergée par les déchets : une crise écologique due au tourisme

L’île de Beauté se retrouve confrontée à un problème environnemental majeur, alimenté par sa croissance touristique exponentielle. Selon les données publiées par l’Insee le 4 juin, la Corse reste en 2024 la région française où la quantité d’ordures ménagères collectées par habitant est la plus élevée, avec une moyenne de 632 kilogrammes par personne. Cette situation inquiétante dépasse même les chiffres nationaux (550 kg en moyenne) et révèle des écarts structurels profonds.

L’afflux massif de touristes entre avril et octobre, particulièrement intense en juillet et août, génère une pression insoutenable sur les systèmes de gestion des déchets. En été, plus de 27 000 tonnes sont collectées chaque mois contre moins de 17 000 en hiver. Les zones balnéaires souffrent particulièrement : dans la communauté de communes Sud-Corse, le volume de déchets triple entre janvier et août, atteignant une moyenne annuelle de 1 375 kg par habitant. Même les agglomérations comme Ajaccio ou Bastia, bien que densément peuplées, ne parviennent pas à échapper à ce fléau, avec des niveaux inférieurs mais encore préoccupants (respectivement 565 et 570 kg).

Malgré des efforts pour améliorer le tri et la valorisation des déchets, les résultats restent insuffisants. Le taux de recyclage s’élève à 39 % en 2024, loin des objectifs fixés par la loi de Transition Énergétique (65 % en 2025). La Corse est également confrontée à un recours excessif aux ordures ménagères résiduelles (OMR), qui représentent 56 % des déchets collectés, contre 45 % en métropole. Ces déchets sont principalement enfouis, faute d’infrastructures adaptées pour la méthanisation ou le compostage industriel.

Les initiatives locales, comme l’éco-boucage et le compostage individuel, ont permis de réduire légèrement les volumes d’OMR, mais elles restent insuffisantes face à l’urgence. L’Insee souligne que la Corse doit encore faire des progrès significatifs pour moderniser son réseau de traitement des déchets et répondre aux exigences environnementales. La situation révèle un équilibre fragile entre le succès économique du tourisme et les défis écologiques croissants, qui menacent l’équilibre de cette île.