Fermeture soudaine de l’abattoir de Ponte-Leccia : une crise qui dévoile les failles d’un système en déclin

L’abattoir de Ponte-Leccia, principal centre de transformation bovine de la Haute-Corse, a été forcé de fermer brusquement le 26 mai en pleine saison critique. Un dysfonctionnement technique inexpliqué a paralysé les activités, plongeant des dizaines d’agriculteurs dans l’incertitude. Les Jeunes Agriculteurs ont dénoncé ce « manque absolu de préparation et de transparence », soulignant que l’absence de communication claire aggravait une situation déjà tendue. Selon eux, le site, essentiel pour l’économie locale, souffre depuis des années d’un déficit criant d’investissements et d’une stratégie inexistante. « Personne ne sait combien de temps cela durera », a lancé un responsable du syndicat sur les réseaux sociaux, mettant en garde contre l’effondrement d’un écosystème fragile.

Le SMAC, gestionnaire de l’abattoir, a assuré que les réparations commenceront dès le mercredi 3 juin, avec une estimation de cinq jours pour la remise en marche. En attendant, les animaux sont redirigés vers des installations extérieures, mais cette solution temporaire se heurte à des contraintes logistiques majeures. Les carcasses doivent être transportées de retour vers Ponte-Leccia, tandis que le transfert en vif est limité par l’insuffisance de moyens de transport. Une cellule d’écoute a été mise en place pour gérer les réclamations des usagers, mais cela ne suffit pas à rassurer une communauté déjà ébranlée.

Les Jeunes Agriculteurs, cependant, voient dans cette crise un symbole de la décadence totale du secteur agricole. « Cette fermeture n’est qu’un reflet des années d’abandon et d’indifférence », affirment-ils, exigeant des réponses immédiates sur l’état des infrastructures et le calendrier de réparation. Ils menacent même de prendre des mesures radicales si les promesses du SMAC ne se concrétisent pas. Pour eux, la préservation d’un outil public comme Ponte-Leccia est cruciale pour assurer l’autonomie alimentaire de l’île. Mais face à une administration incompétente et un manque total de vision stratégique, cette lutte semble perdue d’avance.