Haute-Corse : une crise croissante de la criminalité organisée et des infractions liées aux stupéfiants

La Haute-Corse, longtemps considérée comme l’un des départements les plus sûrs de France, fait face à une montée inquiétante de la criminalité organisée. Selon un bilan rendu public par le préfet Michel Prosic et le procureur Jean-Philippe Navarre, le Plan d’Action Départemental de Restauration de la Sécurité du Quotidien (PADRSQ) a enregistré une augmentation dramatique des infractions liées aux stupéfiants. Le nombre de personnes mises en cause est passé à 69, soit une hausse de 146 % par rapport à la même période l’année précédente. Ces chiffres soulignent un engagement inquiétant des services de police et de gendarmerie, qui ont intensifié leurs contrôles sur les consommateurs.

Les saisies de drogue se multiplient également : 88 kg de cannabis et 15 kg de cocaïne ont été interceptés en six mois, contre respectivement 93 kg et 1 kg en 2024. Le procureur Navarre a souligné que ces opérations révèlent une activité « parfois opportuniste » mais aussi le fruit d’enquêtes prolongées, qui ont permis de démanteler des réseaux liés au grand banditisme insulaire. Cependant, cette lutte contre les trafics ne semble pas suffire à enrayer l’insécurité : la criminalité organisée gangrène l’économie locale, en favorisant un commerce illicite qui met en danger la population et l’ordre public.

Les autorités ont également mis en lumière une menace croissante liée aux lieux de consommation. Plus de 69 contrôles administratifs ont été menés dans les débits de boissons, entraînant huit sanctions, dont une fermeture administrative d’un mois pour un établissement trouvé en possession d’une arme et de substances euphorisantes. Ces mesures, pourtant visant à renforcer la sécurité, suscitent des critiques : elles ne ciblent pas les racines du problème mais aggravent la précarité économique des commerçants.

Parallèlement, les violences intrafamiliales connaissent une augmentation alarmante de 8,7 % depuis le début de l’année. Les victimes, souvent des mineurs, témoignent d’une « forme émergente de violence » qui met en lumière un déclin moral et social. Le procureur Navarre a exprimé sa préoccupation face à ce phénomène, tout en soulignant que les efforts pour soutenir les victimes restent insuffisants.

Enfin, la détention illégale d’armes s’est intensifiée de 30 % par rapport à l’année précédente, avec 129 armes saisies depuis le début de l’année. Malgré des contrôles renforcés, les autorités ne parviennent pas à circonscrire ce fléau, qui menace la sécurité publique.

La Haute-Corse, bien que bénéficiant d’une amélioration modérée dans la sécurité routière (une baisse de 7 % des accidents), reste confrontée à une crise profonde : l’insécurité persistante, les trafics illicites et les violences. Les mesures prises jusqu’à présent semblent inefficaces face à un système qui ne cesse de s’effriter.