Des tensions explosent dans les établissements agricoles de Corse après une mobilisation sans précédent. Les personnels des lycées agricoles de Borgo et Sartène, soutenus par plusieurs syndicats, ont investi le conseil d’administration du lycée de Borgo mercredi matin, retenant le directeur régional de la DRAAF (agriculture, alimentation et forêt). Cette action s’inscrit dans un mouvement lancé en mars dernier contre une réforme du ministère de l’Agriculture visant à supprimer des filières et regrouper les classes. Les deux établissements avaient été bloqués pendant plus d’une semaine, avec des manifestations devant les préfectures.
La mobilisation actuelle suit une réunion tripartite organisée lundi 30 juin à Ajaccio entre syndicats, DRAAF et représentants de la collectivité. Les syndicats jugent cette rencontre infructueuse. « Nous exigeons les 1 842 heures de dotation que le ministère nous doit », affirme Marie-Françoise Poletti, enseignante au lycée agricole de Borgo et membre du STC. Selon elle, la DRAAF a obtenu seulement 500 heures, laissant un déficit de plus de 1 300 heures. Ces 1 842 heures correspondent au volume nécessaire pour maintenir les établissements comme l’année précédente, essentiel pour éviter des regroupements massifs de classes et assurer une qualité pédagogique.
Les syndicats soulignent que la proposition actuelle est « bancale » : les 500 heures sont insuffisantes, et les pactes enseignants (18 à 36 heures) ne peuvent être utilisés pour dédoubler les classes. Les locaux n’ont pas la capacité d’accueillir des classes de 32 élèves, ce qui contredit les référentiels du ministère. « Comment intégrer trois options différentes par classe ? C’est impossible », explique Poletti, prévenant que cela entraînerait un stress accru et une baisse de qualité pour les élèves.
À l’heure actuelle, le directeur régional reste retenu dans la salle du conseil d’administration. Les syndicats ont suspendu les travaux et demandé au ministère de Paris d’envoyer immédiatement les 1 842 heures promises. Malgré des attentes prolongées, aucune réponse n’a encore été donnée, mais les militants espèrent une réaction rapide. « Si la réponse ne vient pas aujourd’hui, nous prendrons d’autres mesures », conclut Poletti.