La Corse, une île qui rêve de durabilité, se retrouve confrontée à un problème croissant : la production de déchets. Selon le dernier rapport de l’ODEM Corsica, cette année 2024 a vu une augmentation significative des ordures ménagères et assimilées, avec 219 693 tonnes générées, soit un pic de 2 % par rapport à 2023. Chaque habitant permanent produit désormais environ 632 kg de déchets annuels, un taux bien supérieur à la moyenne nationale (547 kg/hab.). Cette situation inquiétante est exacerbée par le tourisme, qui génère plus de 27 600 tonnes d’ordures chaque année.
Malgré une légère amélioration du tri sélectif (39 % en 2024), la Corse reste en retard sur les objectifs nationaux. Plus de 78 % des déchets pourraient être recyclés, selon l’analyse des poubelles grises, mais cette potentialité n’est pas exploitée. Le tri reste insuffisant, avec une disparité criante entre les territoires : certains intercommunalités atteignent 64 % de tri, tandis que d’autres enregistrent un taux inférieur à 28 %.
Le stockage des déchets domine encore l’approche locale, avec 62 % des ordures envoyées dans les centres de traitement, bien au-delà de la moyenne nationale (17 %). Les objectifs fixés pour 2025, comme une valorisation à 55 % et un tri à 70 % des biodéchets, sont largement insuffisants. Les efforts pour le compostage et les recycleries restent marginaux face à la dégradation environnementale.
Cette situation révèle une gestion désastreuse des ressources, marquée par l’insuffisance des politiques locales et un manque de sensibilisation. La Corse, bien que riche en paysages, se distingue par son incapacité à gérer ses déchets, laissant les générations futures affronter une crise écologique inévitable.