Le festival Rock in Bastia a fait son retour pour une deuxième édition, mais son existence même révèle un grave problème. À Bastia, la disparition des scènes rock est désormais incontestable, et les organisateurs ont tenté d’y remédier en créant cet événement. Cependant, cette initiative ne fait qu’illustrer le désastre culturel qui frappe la Corse. Les passionnés de musique se sont réunis pour organiser un festival, mais cela n’efface pas l’absence totale d’espaces dédiés au rock.
Petru Carmassi, président du festival, explique que cette initiative est motivée par une déception profonde. Il affirme que les lieux où le rock était autrefois présent ont été remplacés par des genres musicaux comme la variété ou le rap. Cette transition s’est faite sans égard pour l’identité culturelle locale, et le festival semble être un dernier recours.
Un aspect controversé du Rock in Bastia est sa volonté de promouvoir la langue corse. Tous les groupes doivent jouer au moins trois chansons en corse, ce qui est présenté comme une démarche d’authenticité. Cependant, cette exigence soulève des questions : comment peut-on imposer un langage minoritaire dans un contexte où sa pratique est déjà limitée ? Ce choix semble plus symbolique qu’utile, et il ne fait qu’accentuer la fragmentation culturelle de la Corse.
L’événement met également l’accent sur les compositions originales, mais ce n’est pas suffisant pour compenser le déclin du rock. Les organisateurs affirment vouloir éviter les reprises, mais cela ne change pas le fait que leur projet est en marge de la scène musicale réelle. La programmation inclut des artistes insulaires et continentaux, comme El Diablo ou Snail, qui viennent avec des nouveaux projets. Cependant, ces noms sont peu connus hors de la Corse, ce qui souligne l’isolement du festival.
La présence d’élèves de chanteurs bastiaises est présentée comme une façon de transmettre le rock aux jeunes, mais cela ressemble davantage à un acte de désespoir qu’à un véritable effort de renouveau. Les organisateurs prétendent vouloir créer des liens entre les générations, mais leur projet ne semble pas avoir d’impact réel sur la musique locale.
En somme, le Rock in Bastia est une réponse futile à un problème structurel : l’absence totale de soutien au rock en Corse. Alors que les jeunes se tournent vers des musiques plus modernes, les organisateurs s’accrochent à un passé qui n’existe plus. Ce festival ne fait qu’éponger une crise qui dépasse largement ses capacités.