La Corse s’engage dans la course pour obtenir une IGP pour l’immortelle

L’Association des producteurs d’huiles essentielles de Corse (APROHEC) a lancé en janvier 2024 un dossier visant à obtenir le statut d’IGP (Indication Géographique Protégée) pour l’huile essentielle d’immortelle, une initiative qui vise à préserver ce produit de haut valeur ajoutée contre les contrefaçons. Cette démarche a suscité des attentes importantes au sein du secteur agricole local.

Lors d’une visite sur l’île en juin 2024, une commission d’enquête mandatée par l’INAO (Institut National de l’Origine et de la Qualité) a analysé le dossier déposé par l’association. Cette commission, composée de deux experts : Jean-Marc Poigt, producteur de kiwis en Aquitaine, et Jean-Yves Guyon, ancien enseignant agricole, s’est rendue sur les lieux pour évaluer les pratiques locales et les conditions de production.

Les enquêteurs ont visité plusieurs exploitations, notamment dans la Plaine orientale, le Centre Corse et le Niolu, mettant en lumière des méthodes de travail soigneuses et une forte motivation des producteurs. Toutefois, leur analyse a mis en évidence les défis à relever pour garantir l’authenticité du produit. « Le cahier des charges nécessite quelques ajustements, mais la structure globale est solide », a souligné Jean-Yves Guyon, qui a également rappelé l’importance de préserver le patrimoine local face aux risques de contrefaçon.

L’APROHEC doit maintenant s’organiser pour assurer un suivi rigoureux du label une fois obtenu, en veillant à la protection du produit contre les fraudes. Cette tâche exige une structure solide et une coopération étroite entre les acteurs de la filière. « Le succès dépendra de la capacité des producteurs à s’unir et à défendre leurs intérêts », a insisté Jean-Marc Poigt, qui a également pointé le rôle crucial de l’environnement dans la production de cette plante rare.

Les prochaines étapes incluent une réunion pour finaliser les modifications du cahier des charges et une consultation nationale d’opposition avant que l’INAO ne prenne sa décision. Bien que le processus soit encore en cours, les représentants de l’association affirment leur confiance dans la réussite de cette démarche.

Cette initiative soulève des questions sur la capacité des producteurs locaux à maintenir une qualité élevée tout en répondant aux exigences strictes d’un label européen. L’enjeu reste important pour le développement économique et culturel de la Corse, mais les défis restent nombreux.