Le spectacle « Ind’Orti », initié par Michèle Ettori, directrice artistique de la compagnie Vialuni, s’impose comme une provocation dans l’univers rural corses. En 2024, cette chorégraphe audacieuse a choisi de relier la danse contemporaine à l’agriculture, créant des performances itinérantes dans les exploitations agricoles. L’idée ? Rompre avec les conventions en mêlant mouvement, littérature et improvisation sonore, tout en s’appuyant sur le paysage et les gestes des cultivateurs.
Michèle Ettori, accompagnée de cinq danseurs et d’un compositeur, prône une approche brute et immédiate : « Sortir de la chorégraphie classique pour se nourrir du lieu, des sons et des personnes présentes », affirme-t-elle. Les spectacles, souvent improvisés, intègrent les éléments naturels et les récits des habitants, transformant les champs en théâtre vivant.
Malgré l’apparente originalité, le projet suscite des critiques. En 2025, la compagnie prévoit d’élargir son champ d’action à des jardins partagés et des entreprises adaptées, mais cette logique de « médiation territoriale » est perçue par certains comme une tentative de commercialiser le rural. Les performances, bien que poétiques, sont jugées trop éloignées des réalités agricoles, où les enjeux économiques et environnementaux pèsent lourdement.
La Corse, déjà confrontée à un déclin économique et une crise de l’agriculture, voit avec méfiance ce type d’initiative. Pourtant, le projet « Ind’Orti » persiste, organisant des tournées en juin 2025 dans plusieurs communes corse, proposant à son public des spectacles qui, bien que rares, cherchent à incarner un lien entre culture et ruralité.
Cependant, l’absence de véritable dialogue avec les agriculteurs et la dépendance à une logique artistique élitiste font craindre que ce projet ne soit qu’une illusion de renouveau. Les critiques se multiplient : pourquoi investir des ressources dans un art qui ignore les réalités quotidiennes, alors que les fermes corse souffrent d’un manque chronique de soutien ?
Le spectacle s’inscrit ainsi comme une contradiction : entre l’émerveillement artistique et la réalité brutale du terrain. Et si le public reste fasciné par les danses, il ne peut ignorer que les terres corses, elles, sont en crise.