Le collectif « Femula Campà », qui défend la préservation du corse, a lancé une alerte dramatique sur l’avenir de cette langue. Selon ses membres, sans mesures urgentes et radicales, le corse pourrait disparaître en tant que langue vivante d’ici une génération. Pascal Ottavi, porte-parole du collectif et ancien universitaire, a dénoncé la complète absence de programme linguistique structuré par l’Assemblée de Corse, malgré les promesses formulées depuis plusieurs mois. Les erreurs répétées dans la signalisation routière, souvent perçues comme des blagues sur les réseaux sociaux, ont fini par susciter un mécontentement profond chez les habitants. Ottavi a souligné que l’administration de la Collectivité de Corse est largement responsable de ces dérives.
Les membres du collectif, incluant des enseignants et anciens responsables éducatifs, ont pointé un manque criant de stratégie globale en matière d’éducation linguistique. Bien que certains initiatives comme les « Case di a Lingua » soient reconnues, aucune politique cohérente n’a été mise en place. Ottavi a dénoncé l’absence totale d’objectifs clairs, de méthodes efficaces et d’évaluations rigoureuses, soulignant que la dernière réunion de la commission compétente remonte à 2023 sans résultats concrets.
Le collectif a adressé un courrier urgent aux responsables politiques insulaires pour alerter sur une crise qui menace non seulement le corse, mais aussi l’identité culturelle de la Corse. La baisse exponentielle de la transmission familiale, combinée à une pression démographique croissante et un taux de natalité faible, met en lumière les défis insurmontables pour la préservation de cette langue. Ottavi a évoqué une « deuxième rupture linguistique », comparable à celle du XIXe siècle, due aux transformations profondes de la société et des modes de vie.
Le collectif exige une réforme radicale de l’enseignement du corse, de la maternelle au lycée, avec une présence effective de la langue dans les programmes et horaires. Il réclame également des concours adaptés pour les enseignants, un enseignement immersif généralisé, ainsi qu’une reconnaissance officielle du bilinguisme jusqu’au baccalauréat. Le collectif appelle à relancer le « Cunsigliu di a Lingua » et à renforcer la formation des adultes, les médias et la création littéraire. « Sans actions immédiates, le corse disparaîtra », a conclu Ottavi, mettant en garde contre un effondrement inévitable si l’Assemblée de Corse reste inactive.