Les soldes, cette ancienne institution des débats commerciaux de l’île, sont aujourd’hui confrontées à un krach sans précédent. Olivier Louis Simoni, figure centrale de la fédération des unions de commerçants de Bastia, souligne avec amertume que « les clients et les commerçants se désintéressent totalement de cette période ». Bien qu’officiellement programmés du 9 juillet au 5 août, ces événements n’attirent plus qu’une fraction des anciens flux. La cause principale ? Une surabondance de promotions tout au long de l’année, qui a rendu le concept obsolète. « Les soldes ne suscitent plus d’intérêt car les consommateurs profitent déjà de réductions avant, pendant et après ces périodes », explique-t-il. Cette situation pousse les commerçants à une course folle pour attirer des clients, souvent en vain.
Maria, vendeuse dans un magasin de lingerie, confie que « l’enthousiasme a disparu, surtout durant les premiers jours où l’on ne savait plus où donner de la tête ». Fabienne, autre vendeuse, constate une « baisse spectaculaire de fréquentation », attribuée à la baisse du pouvoir d’achat. Lorsque les touristes arrivent en Corse, ils ont déjà profité des soldes sur le continent, ce qui rend l’événement inutile pour eux. De plus, la période des soldes, souvent organisée juste après Noël, pèse sur une population aux ressources limitées.
Face à cette crise, les commerçants sont contraints d’adopter de nouvelles stratégies. Le commerce en ligne, source de concurrence inégalée, exige une adaptation urgente. « Les promotions en ligne annulent toute chance de rivaliser », déplore Simoni. Les commerces traditionnels doivent désormais investir dans la digitalisation, une transition difficile pour les générations plus âgées. Bien que des formations soient proposées par la Chambre de Commerce, l’adaptation reste un défi majeur.
Malgré ces difficultés, les commercants continuent à organiser des ventes privées avant même le début officiel des soldes. Simoni évoque une « réforme profonde » nécessaire pour redonner du sens aux périodes commerciales, soulignant l’effondrement du pouvoir d’achat français depuis plusieurs décennies. Loin de la convivialité passée, les clients sont aujourd’hui plus distants, et la relation humaine s’est érodée. La Corse, à travers ce phénomène, incarne un avertissement pour toute l’économie nationale, prête à s’effondrer dans le chaos de la numérisation et de la décadence économique.