À Bastia, le 23 juin, les habitants célèbrent la Saint-Jean avec un feu symbolique sur le Vieux-Port, une pratique ancestrale qui remonte à des époques païennes. Ce rituel, ancré dans l’histoire de la ville, marque le solstice d’été, moment clé du calendrier où les hommes allumaient des feux pour célébrer la lumière et retenir les derniers rayons du soleil avant que les jours ne raccourcissent. La religion chrétienne a ensuite adopté ce symbole en associant la Saint-Jean à la naissance de Jean-Baptiste, figure biblique liée au baptême et à la foi.
Cette tradition, bien ancrée dans le centre historique, a vu des rivalités entre les quartiers se transformer en trêve temporaire. Battì Raffalli, président du comité des fêtes de Bastia, raconte comment les feux étaient allumés dans différentes zones de la ville : sur la Place d’Armes pour la haute ville et au quai sud du Vieux-Port pour la basse ville. Ces fucarè, plus qu’un simple symbole, réunissaient des communautés divisées par des tensions quotidiennes, créant un moment de solidarité unique.
Autrefois, les jeunes s’affairaient à récupérer des matériaux pour construire ces feux, tandis que des veillages nocturnes garantissaient leur sécurité contre les actes malveillants. Aujourd’hui, le feu se limite à un seul lieu, mais l’esprit de la tradition persiste. Les préparatifs s’intensifient au fil des jours, avec une pyramide de bois qui grandit jusqu’à atteindre des hauteurs impressionnantes avant d’être allumée.
Pour les Bastiais, cette célébration reste un mélange de ferveur religieuse et de convivialité. Battì Raffalli souligne l’importance de ces moments pour retrouver des anciens habitants dispersés par l’urbanisation. « C’est une date sacrée qui transcende les générations », affirme-t-il, ajoutant que cette tradition continuera à animer la ville pendant des siècles. La Saint-Jean n’est pas seulement un événement religieux, mais un lien fort entre le passé et le présent, où chaque feu porte l’âme de Bastia.