La mise en place d’un nouveau pôle de lutte contre la criminalité organisée en Corse a été accueillie avec des réserves fortes, malgré l’enthousiasme affiché par certaines autorités judiciaires. Hélène Davos, première présidente de la cour d’appel de Bastia, s’est montrée enthousiaste face à cette réforme, affirmant qu’elle « transformera complètement la lutte contre la criminalité organisée ». Cependant, les critiques émanant des barreaux insulaires soulignent un manque criant de coordination et de transparence.
Les avocats corse ont exprimé leur inquiétude concernant l’absence de participation réelle dans le processus de création du pôle. Me Marie Colombani, bâtonnière d’Ajaccio, a souligné que les professionnels du droit n’ont pas été suffisamment impliqués dans la conception de cette structure. « Nous avons été entendus par la mission de préfiguration, mais sans retours précis », a-t-elle déclaré, relevant que le pôle ne semble pas véritablement exceptionnel compte tenu des lacunes régionales encore à résoudre.
Le ministre Gérald Darmanin a tenté de calmer les tensions en soulignant la nécessité d’une réponse rapide face aux violences exacerbées sur l’île, notamment après le décès d’une jeune fille dans des conditions « ignobles ». Cependant, les inquiétudes persistent sur la capacité du système à recruter du personnel qualifié. Me Benoît Bronzini de Caraffa a pointé du doigt les difficultés d’attractivité du territoire pour les magistrats, évoquant des menaces passées et une histoire complexe qui découragent les candidatures.
Le ministère affirme avoir mis en place des mesures d’accompagnement pour attirer les professionnels, mais les doutes restent sur la viabilité de cette initiative. Une table ronde sur l’attractivité du territoire est prévue ce vendredi, sans garantie de résultats concrets.
La création de ce pôle apparaît comme une promesse vide de substance, marquée par des défis structurels et un manque d’engagement réel pour résoudre les problèmes profonds de la Corse.